Thursday, March 28, 2013

Quelques notions sur la Roumanie [1/3] : Les Roumains

Quelques notions sur la Roumanie, à l'attention des amis qui m'accompagnent dans mon prochain voyage (et de tout autre intéressé à lire cette page).

Les Roumains se considèrent essentiellement comme les descendants des Romains qui ont battu les Daces de Décébale en 102 après JC et ont installé dans les Carpates, sur le bord de la Mer Noire et le long du Danube, tout comme en Gaule, des colonies, des villas, des routes et des voies commerciales, etc. La langue roumaine confirme en partie cet héritage : elle est la langue actuelle la plus proche du latin de l'époque.

La Roumanie se compose, grosso modo, de trois grandes parties historiques : la Valachie au sud des Carpates et jusqu'à la Mer Noire, la Moldavie à l'est des Carpates et la Transylvanie de l'autre côté (à l'ouest et au nord) des Carpates.

Carte de Roumanie montrant la Transylvanie, la Valachie et la Moldavie historiques
Carte grossière montrant les régions roumaines historiques : Transylvanie en rose, Valachie en bleu et Moldavie en jaune.

En résumant, très grosso modo, l'histoire de la Valachie a été de s'affirmer face aux Turcs, l'histoire de la Moldavie a été de s'affirmer face aux Russes et l'histoire de la Transylvanie a été de s'affirmer face aux Germains et à leurs alliés Hongrois. Je dis que je résume grossièrement car les alliances ont été nombreuses avec ou contre ces voisins.
Cette affirmation nationale s'est pleinement réalisée sous la forme de l'union de tous ces territoires en un seul état, de 1918 à 1940, période connue sous le nom de « Grande Roumanie ».
Le « pays Moldavie », ou république de Moldova, est un reste de l'éclatement de l'URSS en 1991. On y parle roumain essentiellement, quoique les minorités russes et ukrainiennes soient importantes. Aujourd'hui encore, la plupart des Roumains espèrent la ré-inclusion du « pays Moldavie » dans la Roumanie.

Les Roumains, si on les définit comme personnes de culture roumaine, sont aussi installés dans les pays voisins, suite aux aléas de l'histoire : Ukraine au nord, Hongrie et Serbie à l'ouest, Bulgarie au sud et un peu partout dans les Balkans.

Les Roumains ont aussi une large diaspora, à commencer par les pays Européens de culture latine : Italie, Espagne, France et, dans une moindre mesure, d'autres pays économiquement ou historiquement accueillants tels que les États-Unis, le Royaume-Uni, l'Irlande et le Canada (surtout la partie francophone).

Tuesday, March 26, 2013

Mots anglais à prononciation bizarre en français

Amusant de constater à quel point les mots peuvent s'échanger entre les langues et s'acclimater, soit à l'écrit, soit à l'oral ;-)
Ci-dessous une petite sélection de mots anglais qui se prononcent complètement différemment en France...

MotPrononciation anglaise approx.Prononciation courante en français
pull-overpoule-oveurpulovère
clownclahounecloune
southdown
race de brebis
sahoufe dahounesoudoune
silent-block
pièce mécanique servant à fixer le moteur
sailleleune te bloquecylin bloque
WCwater-closetvécé
uppercuteupeurqueuteupèrecute
shampooing
en anglais → shampoo, tout simplement
chamepou (ine gue)champoin
AJOUT 21/05/2013 : sweatsouhaitesouite

Sunday, March 24, 2013

Citation de Norman Manea

Norman Manea, interrogé par France Inter, ce dimanche 24 mars au Salon du Livre : « On n'est pas le résultat seulement d'une biographie mais aussi d'une bibliographie. »

Thursday, March 21, 2013

Il faut toujours relire ses classiques

Il faut toujours relire ses classiques. Pour bâtir une culture personnelle, il faut non seulement lire et découvrir des œuvres artistiques et intellectuelles mais encore les comparer entre elles, les juger les unes à l'aune des autres et bâtir son propre cheminement artistique et intellectuel.

Pour ce faire, rien de tel que de revisiter les œuvres que l'on considère comme des classiques, qu'elles soient habituellement affublées de ce qualificatif ou non. C'est l'occasion de suivre à nouveau le cheminement de pensée que l'on avait lors de leur première découverte et de l'enrichir ou de le revoir.

Dans ma bibliothèque trônent beaucoup de livres que je n'ai pas encore lus mais aussi quelques-uns que j'aime relire de cette façon. Une petite liste ci-dessous de certains de mes « classique » : ces livres que je conseillerais à tout lecteur, sans une seule hésitation. (Sans ordre particulier, je m'en voudrais de les classer, et sans prétendre à une quelconque exhaustivité.)



J.R.R. Tolkien
Le Seigneur des Anneaux comme entrée, Le Silmarillon comme plat principal, Les Monstres et les Critiques comme dessert.
Pour les amateurs de repas longs : Bilbo le Hobbit comme apéritif, Les aventures de Tom Bombadil comme digestif.

Pierre Loti
Pêcheur d'Islande, pour sa poésie en prose, cet art d'orfèvre d'exprimer la fatalité de la vie et de la mort sans l'expliciter. Cette fatalité est évidente pour tous les personnages, qui ne peuvent donc aborder le sujet (ce serait invraisemblable) mais n'est pas évidente de but en blanc pour le lecteur. Il s'agit donc d'un sujet de choix : le poète relève le défi d'illustrer la fatalité sans ambigüité mais sans artifice grossier.

Boris Vian
L'écume des jours, pour l'onirisme. J'irai cracher sur vos tombes, pour le mélange de la beauté et de l'horreur humaines. L'arrache-cœur, pour le surréalisme.

François Rabelais
Gargantua, pour les moutons et pour les coquecigrues.

Arthur Koestler
Le Zéro et l'Infini, pour les lectures multiples que l'on peut en faire.

Aldous Huxley & George Orwell & Ray Bradbury
Le meilleur des mondes & 1984Fahrenheit 451 : pour mesurer à quel point notre monde (qui est tel qu'il est) pourrait très bien être autrement.

Jean-Louis Maunoury
Absurdités et paradoxes de Nasr Eddin Hodja. Dans toute bibliothèque qui se respecte, il faut un recueil d'anecdotes de Nasreddin. Tant qu'à en choisir un, celui-ci est un bon.

Snorri Sturluson
L'Edda. (La jeune Edda.) Quoique d'abord complexe, je trouve cet ouvrage très utile pour comprendre les croyances d'un autre temps et, en conséquence, relativiser celles de notre temps et reconsidérer nos absolus et nos tabous.

Victor Hugo
Quatrevingt-treize, ou comment insuffler par le roman des idéaux républicains et humanistes, ou comment exalter et encourager à l'action sans dieu ni drapeau.

Umberto Eco
Le Nom de la Rose et l'Apostille au Nom de la Rose.

Jean Mazaleyrat
Éléments de métrique française. Ouvrage simple à aborder qui permet au profane de prendre la mesure de la profondeur du travail que peut réaliser le poète sur les mots.

André Gide
Les Faux-monnayeurs, pour montrer que l'on peut cacher tout un discours dans un livre. André Gide, le stéganographiste littéraire.

Bram Stoker
Dracula, en VO s'il vous plaît, pour le style littéraire impeccable.

Paulo Coelho
L'alchimiste, pour mesurer à quel point il est aisé de prendre des sornettes pour de sages vérités, si elles sont racontées subtilement !

Vatsyayana
Le Kama Sutra, pour montrer (à ceux qui, naïvement, en doutent) que l'on peut avec profit se pencher sur l'étude détaillée des relations amoureuses et de la sexualité et pour relativiser les contraintes sociales autour du sexe : comme bien d'autres normes, les conventions sexuelles sont liées à un époque, à un lieu et à une classe sociale. L'homme libre prend de la distance et peut les étudier sereinement, ce que fait Vatsyayana.

Sun Tzu
L'art de la guerre. Un simple pacifisme ne peut suffire. Que l'on cherche à gagner la guerre ou à l'éviter, il s'agit d'un sujet d'étude sérieux (qui ne peut être laissé aux militaires, comme dirait l'autre), ce que Sun Tzu fait dans cet ouvrage.

Wednesday, March 20, 2013

Relu : Apostille au Nom de la Rose


Je l'avais lu en classe de Première. Je me souviens de cet échange, avec mon meilleur ami, à l'époque : «
— Tu l'as lu, l'apostille ?
— Ouais.
— Et alors ?
— Ça donne envie d'écrire.
— Pareil ! »

Je pense depuis quelques années à écrire un texte de remerciement à mes meilleurs professeurs. Ce serait assez injuste, envers tous ceux que je ne pourrais pas citer ;-)
En tous cas, il y aurait une ligne « Jean-Claude P., professeur de 1ère S au Lycée St-Jean, mes remerciements pour m'avoir fait lire l'Apostille au Nom de la Rose et découvrir Umberto Eco. »

Toujours est-il qu'en 1983, Umberto Eco accepte de nous livrer dans ce petit livre (90 pages) quelques secrets de fabrication de son roman à succès de 1980, ainsi qu'un regard critique sur son travail d'auteur : d'autres sites vous expliqueront mieux le contenu. Pour aujourd'hui, j'ai choisi d'en tirer quelques citations.

Un titre doit embrouiller les idées, non les embrigader.

L'auteur devrait mourir après avoir écrit. Pour ne pas gêner le cheminement du texte.

Je définirais l'effet poétique comme la capacité, exhibée par un texte, de générer des lectures toujours différentes, sans que jamais on en épuise les possibilités.

Les livres parlent toujours d'autres livres, et chaque histoire raconte une histoire déjà racontée.

Il faut se créer des contraintes pour pouvoir inventer en toute liberté.

La vérité est que les personnages sont contraints d'agir selon les lois du monde où ils vivent et que le narrateur est prisonnier de ses prémisses.

[à propos de son narrateur] Faire tout comprendre par les mots de quelqu'un qui ne comprend rien.

L'art, c'est la fuite hors de l'émotion personnelle, Joyce comme Eliot me l'avaient enseigné.

Et Dieu qu'ils sont insupportables ces poèmes dits par des acteurs qui, pour « interpréter », ne respectent pas la mesure du vers, font des enjambements récitatifs comme s'ils parlaient en prose, suivant le contenu et non le rythme.

[...] écrire cent pages dans le but de construire un lecteur adéquat pour celles qui suivront.

[riant de son lecteur] Alors, tu devras être mien, tu éprouveras le frisson de l'infinie toute-puissance divine qui rend vain l'ordre du monde.

[à propos du roman expérimental] l'inacceptabilité du message n'était plus le critère roi pour une narrativité (pour tout art) expérimentale, car l'inacceptable était désormais codifié aimable.

Mon Dieu, mais à qui s'identifie un auteur ? Aux adverbes, bien sûr.

Wednesday, March 6, 2013

Revoir Chaplin en ligne

Les œuvres de Chaplin sont désormais dans le domaine public. Il est donc légal de les visionner directement sur l'Internet. La filmographie de Chaplin comporte 82 films, plus un certains nombres où il a collaboré en tant qu'acteur ou co-réalisateur. Les plus connus sont cependant ceux qu'il a produit avec United Artists. Les voilà ci-dessous, cliquez sur les liens pour voir ou télécharger les films :

De R&A et du racisme

On a trop peu souvent l'occasion de lire des opinions contraires, de se voir opposer de franches contradictions de ses idées.

Lors de mon dernier voyage en train, j'ai fait le plein de magazines à parcourir. Je suis tombé sur un magazine que je ne connaissais pas : Réfléchir & Agir. La couverture était alléchante : « Revue autonome de désintoxication idéologique ».
Alors je l'ai lu, en détail. Pas beaucoup d'articles de qualité. On y trouve surtout des insultes envers les socialistes et les homosexuels. Et une négation de tout droit aux immigrés. C'est surtout décevant quoique écrit dans un français impeccable. Le plus triste étant les tentatives de récupération du passé. Exemple : Orson Welles, analysé par cette revue, devient vite un sympathisant.

Le tout pourrait être étayé par des analyses un peu poussées, ou faire appel à des raisonnements économiques. Point : la thèse principale, en tâche (ou en tache) de fond, est la défense de la « race blanche ». Encore, en 2013. Le mépris des métissages et l'affirmation de la supériorité. Sans argumentaire.

Combien y a-t-il de gens pour croire encore à ces nigauderies ? Le raciste est limite paranoïaque, il s'imagine seul lâché dans un monde en guerre. Alors suivons-le dans son délire : imaginez-vous vous-même lâché seul au beau milieu d'un champ de bataille. Qui sont les belligérants, quelles sont les motivations de la bataille, les armes, les chefs... vous n'en savez rien. Comme chaque homme qui vient au monde, celui qui est lâché seul au beau milieu d'un champ de bataille doit se figurer par lui-même comment vivre, survivre ou mourir, quels sont les enjeux, comment donner un sens à sa vie.
Imaginez-vous bien un vrai champ de vraie bataille : massacres, cris, armes brandies, sang répandu, armures défoncées, gadoue qui se colle partout, prise de prisonniers ou exécutions sommaires, trompettes...

Plusieurs réactions sont possibles.
L'homme seul peut chercher comment s'enfuir.
L'homme seul peut tenter de passer inaperçu.
L'homme seul peut chercher à comprendre quels sont les camps en présence : la couleur des uniformes ? les oriflammes ? les cris de guerre et les trompettes ? les mouvements de troupes ?
Une fois les camps identifiés, l'homme seul peut chercher quel camp rejoindre : Qui sont les plus forts ? Qui semble dominer le champ de bataille ? Qui font les meilleurs discours ? Qui sont les plus près de moi pour les rejoindre ? Lesquels m'accepteront ? Qui sont les plus miséricordieux avec les blessés et les hommes désarmés ? Y en a-t-il qui sont respectueux envers l'environnement, au sein-même de leurs pratiques meurtrières ?
L'homme seul peut aussi attendre la mort.
L'homme seul peut aussi se planter au beau milieu et improviser un discours pacifiste...

Le raciste, lui, est celui qui se dit : « Il y a des hommes au visage propre et des hommes au visage couvert de gadoue, voilà les camps. Mon visage est encore propre, je vais rejoindre le camp de visages propres. » Le raciste se trompe orthogonalement dans l'identification des camps en présence, il choisit la première différence qu'il voit comme critère déterminant. Il rejoint un « camp » qu'il croit uni, il s'y fera massacrer par son « camp » ou par un autre.
Le raciste est l'idiot de l'humanité. Comme un mouton, il suit qui lui ressemble visuellement. Il est le premier à mourir sur un champ de bataille auquel il ne comprend rien, exploité par des gens qui le méprisent. Le raciste est le débile de l'humanité, j'ai pitié de lui.

Sunday, March 3, 2013

Lu : A l'ouest d'octobre, de Ray Bradbury

Repost de mon mur Facebook du 4 jan 2012

Quelques histoires bien écrites, drôles ou prenantes, souvent à la lisière du fantastique et de la science-fiction. Très agréable à lire.

Ça me réconcilie avec l'auteur, en tous cas, parce que les Chroniques Martiennes m'avaient gonflé !