Wednesday, August 7, 2013

Petit calcul à dose homéopathique

Le terme de médicament convient-il à l'Oscillococcinum ? L'État a tranché, non. Il s'agit d'une "préparation homéopathique". Jetons un œil à sa composition.


Le principe actif est supposé provenir de foie et de cœur de canard de barbarie. 35 grammes du premier et 15 grammes du second pour 1 litre soumis à enzymes. Simplifions grossièrement en supposant qu'il y a effectivement 40 grammes de produit actif dans 1 litre du mélange de base (hypothèse très très optimiste).

Supposons aussi que le produit actif a une masse molaire de 40 000 grammes par mole (hypothèse légèrement optimiste).

Il y a donc 0,001 (1 millième) de mole de produit actif dans 1 litre de la préparation de base. Celle-ci est ensuite diluée selon le principe homéopathique :
  • la dilution se fait au centième,
  • et elle est répétée 200 fois.
On divise donc deux cent fois la concentration de la préparation de base par cent. C'est-à-dire qu'on la divise par 10^400 (un 1 avec 400 zéros derrière). Elle était au départ de 0,001 mole par litre, elle est après cette dilution de 10^-403 mole par litre.

Soyons fair play. On parle ici en moles et non en molécules. Il y a 6x10^23 molécules dans une mole. Exprimée en molécules par litre, la concentration de l'Oscillococcinum est de 6x10^-380 molécules par litre. C'est à dire un zéro, une virgule, 379 zéros et enfin un 6 ou, plus visuellement 0,0000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000006 molécules dans un litre.

Dit autrement, on peut passer une vie entière à prendre de l'Oscillococcinum tous les jours, plusieurs fois par jour, sans jamais voir passer la moindre molécule de produit actif.

Pour référence, on a environ une chance sur 100 millions de gagner à l'EuroMillions (5 chiffres + 2 étoiles), c'est-à-dire environ  dix millions de milliards de milliards de milliards de milliards de milliards de milliards de milliards de milliards de milliards de milliards de milliards de milliards de milliards de milliards de milliards de milliards de milliards de milliards de milliards de milliards de milliards de milliards de milliards de milliards de milliards de milliards de milliards de milliards de milliards de milliards de milliards de milliards de milliards de milliards de milliards de milliards de milliards de milliards de milliards de fois plus de chances de gagner le gros lot à l'EuroMillions que de trouver une molécule utile dans un litre d'Oscillococcinum.

Alors siouplait, si vous n'allez pas bien ou que vos enfants ne vont pas bien, allez voir un médecin.

Monday, August 5, 2013

Vu : Pacific Rim, 2013

Vu Pacific Rim, de Guillermo del Toro, 2013.


Scénario : Des monstres gigantesques (plusieurs dizaines de mètres) surgissent régulièrement de la grande faille du pacifique. Pour lutter contre eux, des robots immenses sont fabriqués, contrôlés par leurs pilotes humains dont les cerveaux sont directement branchés sur les machines. Cependant, les robots deviennent insuffisants, trop lents à construire ou à réparer, les bons pilotes trop rares, face à des ennemis qui évoluent, deviennent plus forts et plus sournois. Une mission de dernière chance est tentée pour pénétrer l'antre des monstres et détruire la menace à sa base.

Critique : Ce n'est pas le film du siècle, ni même de l'année. Pour les amateurs de SF ou les amateurs de films de guerre, c'est un bon moment. Niveau effets spéciaux, c'est du costaud, je pense qu'une partie de l'équipe Transformers a dû être réembauchée ;-)
L'inspiration Evangelion est évidente avec toutefois une volonté de s'écarter pour réaliser un œuvre à part entière. D'abord, moins de symbolique et plus de SF. Évidemment, nous sommes au cinéma, pas de formule scientifique, pas de grand raisonnement logique. On est plus dans la pseudo-SF si typique du cinéma où l'on laisse le spectateur s'auto-suggérer les explications qu'il souhaite.
Ensuite, il y a cette nouveauté du cinéma américain qu'est le mélange des genres. Afin que chaque spectateur trouve une branche à laquelle se raccrocher, on prend des américains, des noirs-américains, des japonais, on situe l'action à Hong-Kong, mi-chinoise mi-occidentale. On prend des décors dégoulinants de rouille et on ajoute des chambres secrètes garnies de néons et de carbone flambant neuf. On raconte des horreurs et on place une histoire d'amour entre un père et sa fille adoptée. On entraine des pilotes surhommes mais on laisse une place à la lutte d'ego entre un père pilote et son fils, pilote aussi. On montre des massacres à grande échelle de civils innocents et, pour relativiser, on les pondère par la mort ironique d'un sale-type trop prétentieux. Bref, du cinoche américain.
La partie qui m'aurait le plus intéressé, cette jonction bio-mécanique entre le robot et ses pilotes, est très peu détaillée.

Bref, si vous avez deux heures pour vous détendre, allez voir Pacific Rim. Si vous avez le temps, allez lire ou regarder la série Evangelion, on n'a toujours pas fait mieux.


La bande-annonce ci-dessous :