Aujourd'hui l'anniversaire de la proclamation de la Commune, en 1871. Ça tombe bien, j'ai fini ce matin ma lecture du triptyque de Jules Vallès : L'enfant, Le bachelier et L'insurgé.
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L'enfant raconte Jacques Vingtras, de l'âge des premiers souvenirs au Puy-en-Velay jusqu'à ses études à Paris. Violence des parents, eux-mêmes maltraités par un monde dur et froid. On reconnaît des points communs avec Poil de carotte ou Vipère au poing.
Le bachelier raconte le début de la vie solitaire parisienne de Vingtras. Un bac en poche, pas de travail, le latin qui ne nourrit pas son homme. Les idées révolutionnaires, les occasions manquées. L'envie de dédier sa vie à une cause, la dure vérité comme quoi cette vie même dédiée n'a pas beaucoup de valeur pour quiconque.
L'insurgé raconte comment Vingtras, désormais rassasié, s'implique en politique, par ses écrits, ses discours puis par sa participation à la Commune. L'affreuse révélation sur les déchaînements de haine, sur la bestialité de la foule même rassemblée pour les meilleures raisons. La justice n'est pas dans la révolution, ou du moins : cette justice-là n'est pas à échelle humaine, elle enjambe les cadavres sans distinction.
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Vallès fait partie de ces écrivains comme Dickens, Zola ou Hugo dont l'impact social a été très important, à l'instar de l'impact littéraire.
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Au-delà du personnage principal dont les initiales montrent à quel point il est autobiographique, ce qui donne un caractère d'ensemble à ces trois livres pourtant très différents, c'est le jugement d'ensemble sur les thèmes abordés. L'enfance, la dépendance, je les ai vécues, ça ne vaut rien, passons à autre chose. Le bac, la vie de lettré, je les ai vécus, ça ne vaut rien, passons à autre chose. La politique, la révolution, je les ai vécues, ça ne vaut rien, passons à autre chose.