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olkien a écrit de nombreuses œuvres, que j'ai lues et relues plusieurs fois, pour la plupart. La notion de race y est omniprésente : elfes, nains, humains, hobbits. On y qualifie les hobbits de semi-hommes. On y montre des « Orientaux », ressemblant à ce qu'un Européen pouvait penser d'un Oriental au début du XXème siècle, alliés à l'ennemi, au mal, et marchant au pas. On peut légitimement se poser la question : Tolkien établit-il une hiérarchie des races ?Tolkien montre surtout, selon moi, la veulerie des hommes.
Souvenez-vous Prosper Poiredebeurré : en début d'histoire, il méprise et moque les Rôdeurs, ces vagabonds venus d'on-ne-sait-où. En fin d'histoire, il est Gros-Jean comme devant : depuis le départ des Rôdeurs, les bandits attaquent de partout.
Il montre des « Orientaux » qui marchent au pas, certes, mais ne montre-t-il pas plutôt la bêtise des marcheurs au pas, opposée à la liberté d'action et la dignité accordée à tous ceux qui accompagnent Aragorn ?
Il montre certes de beaux hommes dignes, dans un monde idéal, Númenor, mais il montre que les Númenoriens eux aussi sont sensibles à toutes les tentations et y succombent. Númenor finit noyée sous les eaux.
Ce qui discrédite pour moi définitivement la thèse du racisme, c'est cette phrase de l'Ainulindalë décrivant les premiers peuples créés par la volonté divine : « Le sentiment de leur ressemblance mit longtemps à venir. » Car c'est bien là ce qui caractérise une personne luttant contre les xénophobies et le racisme : la pensée omniprésente que l'on peut et doit chercher les ressemblances plutôt que les différences. L'idée que les différences sautent aux yeux tandis que les ressemblances sont plus profondes. Cette phrase-là ne peut pas venir d'un auteur qui accepte une hiérarchie des races.
Voilà pourquoi, quand Tolkien dit dans l'un de ses discours, "I have the hatred of apartheid in my bones", je n'ai pas le moindre doute sur sa sincérité.
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