Friday, April 5, 2013

Quelques notions sur la Roumanie [2/3] : Les minorités de Roumanie

Quelques notions sur la Roumanie, à l'attention des amis qui m'accompagnent dans mon prochain voyage (et de tout autre intéressé à lire cette page). Voir l'article 1 : Les Roumains.

Wikipédia possède un bon petit article sur le sujet et notamment une belle carte que je reprends ici (cliquez dessus pour l'agrandir).

Mais bon, c'est un peu court, et je préfère ma façon d'aborder les choses.

Les Rroms
Une première minorité, en Roumanie, ce sont les Rroms, qu'on appelle là-bas Tziganes. Ils peuvent être nomades ou installés en petits villages. Plus rarement, l'époque communiste leur a donné des quartiers entiers dans des grandes villes, qui ressemblent maintenant à des favelas intra-muros ou à des vieux quartiers en ruines. Généralement, les polices municipales ne sont pas tendres avec eux et ils ne fréquentent guère les centres-villes modernes.

Les Sicules
Les Sicules sont un peuple magyarophone (qui parle hongrois) mais ne se considère pas hongrois. Il y a plusieurs hypothèses vivement débattues sur leur arrivée dans la région, certaines aussi folkloriques que leur descendance directe des Huns d'Attila. On admet généralement qu'il s'agit de Hongrois qui auraient été déportés du Xème au XIIème siècle au creux des Carpates pour repousser d'éventuels envahisseurs.
Une bonne partie du folklore de la Transylvanie est lié aux Sicules. Ils ont eu un grand impact sur la culture locale : architecture, toponymie, nourriture, langue, traditions... Aujourd'hui encore, plusieurs villes portent des noms qui leur font directement référence : Târgu Secuiesc (le marché des Sicules), Odorheiu Secuiesc (la cour des Sicules), etc.

Les Hongrois
Il y a aussi de nombreux Hongrois non-Sicules en Roumanie. Certains sont arrivés dès le Moyen-Âge mais la plupart se sont installés quand la Transylvanie a été annexée à l'Empire Austro-Hongrois de 1867 à 1918. Dans toute la Transylvanie, il y a quasiment un continuum de présence des Hongrois et des Sicules. Certaines figures hongroises font partie intégrante de l'histoire de la Roumanie, tel Matthias Corvin, l'un des rois les plus marquants de l'histoire de Hongrie, né à Cluj en Transylvanie.

Les Juifs
Une large minorité de Juifs existait en Roumanie avant-guerre. Une grande partie a fui le pays, ou pris les nationalités russe, bulgare ou hongroise au gré des traités et des conquêtes des pays voisins. Néanmoins, dans ces nouveaux pays comme en Roumanie-même, plusieurs centaines de milliers de Juifs sont exterminés par des régimes collaborant avec le 3ème Reich.
Il reste aujourd'hui à peine quelques milliers de Juifs en Roumanie. Bucarest était cependant un centre culturel et tend aujourd'hui à se re-dynamiser grâce à quelques initiatives culturelles (lycée, théâtre, etc.)

Les Saxons
Les Saxons de Transylvanie se sont installés dès le XIIème siècle en Transylvanie. Ils avaient comme double but l'établissement de colonies marchandes et la défense face aux envahisseurs (Turcs, Tatars, Coumans...) et étaient encouragés et soutenus par les rois de Hongrie.
Le terme de « Saxons » est en partie abusif car ces colons ne venaient pas seulement de Saxe mais aussi d'autres endroits, comme le Luxembourg, la Lorraine ou d'autres régions de l'Allemagne actuelle.
Les Saxons se sont largement organisés autour de quelques grandes villes fortifiées, dont les sept plus connues sont en allemand : Bistritz, Hermannstadt, Klausenburg, Kronstadt, Mediasch, Mühlbach et Schässburg, soit en roumain : Bistriţa, Sibiu, Cluj, Braşov, Mediaş, Sebeş et Sighişoara. Aujourd'hui encore, la Transylvanie est appelée Siebenbürgen (les septs bourgs) en allemand.
Quoique la plupart des Saxons aient aujourd'hui quitté la Roumanie pour s'installer en Allemagne ou en Autriche, la Transylvanie est restée très marquée par la culture germanique, qui se lit sans difficulté dans l'architecture de ses villes et dans la présence d'églises protestantes. La culture germanophone est encore très dynamique en Roumanie.

Les Souabes
Les Souabes du Banat se sont installés au XVIIIème siècle pour peupler la plaine fertile du Banat (région de Timişoara) et protéger la région contre les éventuels envahisseurs ottomans arrivant par les Balkans. Il s'agit encore aujourd'hui d'une minorité active culturellement, bien qu'ils aient, eux aussi, largement émigré vers l'Allemagne et l'Autriche.

Les Ukrainiens (et les Russes)
Les Ukrainiens sont nombreux dans le nord du pays, près de l'Ukraine. Cette zone nord étant l'une des moins peuplées et des plus pauvres (Maramureş actuel), elle n'a pas attiré les attentions précises des grandes puissances au cours de l'histoire. Les Ukrainiens et les Roumains sont donc répartis assez uniformément au sud comme au nord de la frontière (quoique l'entrée de la Roumanie dans l'Union Européenne ait donné aux Roumains d'Ukraine une bonne raison de traverser la frontière). Dans une ville très culturelle comme Sighetu Marmaţiei (40 000 habitants), on trouve une forte minorité ukrainienne, une église ukrainienne, un centre culturel ukrainien.
Les Ukrainiens et les Russes sont aussi, bien évidemment, nombreux dans le « pays Moldavie » (république de Moldova). Dans certaines zones, ils sont quasi-majoritaires.

Les Bulgares et les Serbes
Les Bulgares étaient historiquement installés sur le bord de la Mer Noire. La Dobrogée, cette région côtière de Roumanie, contient beaucoup de Bulgares historiques, de même que le rivage du Danube, des deux côtés de la frontière.
Les « Serbes » se sont installés de façon plus anarchique dans les Balkans et la plaine du Banat ne constituait pas une frontière naturelle nette, telle que pouvait l'être le Danube. Aujourd'hui encore, il y a de nombreux Serbes dans la plaine du Banat et une minorité active dans la ville de Timişoara.
Attention : pour différentes raisons culturelles, politiques et surtout linguistiques, les Roumains ont tendance à qualifier tous les Slaves au sud du Danube de « Serbes ». Cette appellation ne correspond donc pas au pays actuel qu'est la Serbie.
Le mélange historique assez pacifique des Bulgares, Serbes et des Roumains a laissé des traces profondes dans la culture roumaine. La plupart des mots slaves de la langue roumaine sont venus par ces peuples. De plus, les anciens textes en roumain utilisaient l'alphabet cyrillique. On trouve encore cet alphabet sur les inscriptions de certaines vieilles églises.

Les Turcs, les Tatars et les Grecs
Les aléas de l'histoire ont aussi laissé des minorités culturelles turques, tatares et grecques sur le bord de la Mer Noire. Soldats turcs en garnison, ports marchands grecs, Tatars déportés en Crimée par les soviétiques.

Les Aroumains
Les Aroumains sont des minorités historiques roumanophones (ou parlant des dialectes largement inter-compréhensibles) qui ont quitté la région originelle de la Roumanie actuelle au premier millénaire. Ils sont principalement présents dans les pays de l'ancienne Yougoslavie et en Grèce.

Les expats
Il reste de nombreuses minorités dont je n'ai pas parlé mais l'une d'entre elle est très récente et très importante : les expatriés. La ville de Cluj, en Transylvanie, est très appréciée par les étudiants et renommée pour ses soirées Erasmus.
Bucarest est une ville très appréciée par les cadres internationaux. Elle contient même un quartier français spécialement dédié aux expats, près du magnifique parc Herăstrău. Pour des raisons culturelles et linguistiques, les Français, les Italiens et les latins en général bénéficient d'un avantage notable pour s'intégrer en Roumanie.

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