Tuesday, December 5, 2017

Lu : Deep Thinking, par Garry Kasparov

Lu : l'essai "Deep Thinking", 2017, de Garry Kasparov, où l'ancien champion du monde d'échecs revient en détail sur son expérience, ses victoires et sa défaite finale contre des adversaires logiciels, pour proposer sa vision de l'avenir et de la relation entre humain et intelligence artificielle.



Introduction :
Garry (il dit de l’appeler comme ça) est un type optimiste, il pense que l’accélération actuelle de la course à l’intelligence artificielle est un phénomène normal, qu’elle amènera surtout des bonnes choses, et qu’elle nous aidera, voire nous forcera, à nous concentrer sur ce qui fait de nous des humains : créativité, curiosité, beauté et joie.


Puis divers chapitres, que je résume très succinctement, qui raviront l’amateur de la grande Histoire et celui des petites histoires :
  • Rapide historique des échecs et de la question d’un joueur logiciel, puis de la montée en crédibilité de cette question.
  • Réaction humaine : le jeu anti-ordinateur, ou comment les humains ont « aimé » jouer contre les ordinateurs, et apprendre à gagner contre eux.
  • Comment une machine joue aux échecs.
  • Comment un humain joue aux échecs. Et en particulier un Kasparov.
  • Les premières batailles sérieuses de grands maîtres d’échecs contre des machines. L’esprit de recherche et d’innovation.
  • La grande victoire de Kasparov en 1996. Les enseignements (où l’on en apprend beaucoup sur l’adversaire machine).
  • Fin de l’esprit de recherche et d’innovation. La grande défaite de Kasparov en 1997. Les enseignements (où l’on en apprend beaucoup sur les adversaires humains, Kasparov mais surtout IBM).

C’est page 220 que Garry rassemble ses esprits pour généraliser les leçons qu’il a reçues et pousser plus loin ses pensées. Je note pêle-mêle :
  • Étonnamment, après sa défaite de 1997, Kasparov est resté le champion du monde (humain) en titre et est retourné à son quotidien. Le vainqueur, Deep Blue, a été mis au placard.
  • On en apprend beaucoup plus le long du chemin, pendant l’élaboration de l’IA qui va vaincre Kasparov, et à chaque défaite, que le jour où l’on célèbre la victoire.
  • Après « la machine contre l’humain » et « l’humain contre la machine », vient une époque de collaboration : « l’humain plus la machine ». Kasparov montre avec divers exemples que c’est un cas général. L’humain met un certain temps pour maîtriser l’outil, mais aussi pour réviser sa vie et sa société autour de l’outil, et ce processus est toujours le même depuis les outils préhistoriques.
  • Kasparov s’élève contre l’idée de « perte d’humanité » qui est évoquée par certains dans l’apparition des technologies de communication et d’IA. Il n’y a selon lui qu’une perte d’autonomie, mais non d’humanité. Et là encore, il montre que ce processus a toujours eu lieu.
  • Kasparov souligne que la créativité nécessitera toujours des connaissances humaines et une prise de recul que les machines ne pourront apporter. Il rejette l’idée que les changements dans les méthodes de pensée, de communication, d’appropriation des connaissances, soient négatifs ou nuls. Il pense qu’un bien en résulte.
  • Kasparov cite aussi les différents biais humains qui poussent à mal évaluer les probabilités. Selon lui, un humain qui s’est entraîné grâce à une machine est mieux armé, prend de meilleures décisions.
  • Garry illustre par l’évolution des échecs de haut-niveau maintenant que des machines sont disponibles pour tous les joueurs à un prix minime pour s’entraîner :
    • Le niveau des joueurs a beaucoup monté.
    • Les jeunes joueurs de haut-niveau sont beaucoup plus nombreux.
    • Les nouveaux maîtres viennent de partout sur la planète, et plus seulement de quelques pays spécialisés.
    • Il est plus difficile d’enseigner aux jeunes talents actuels, qui sont souvent brillants mais manquent de structure.
    • Inversement, ceux qui arrivent à structurer leur approche deviennent excellents.
    • Et les champions sont souvent ceux dont l’approche leur permet de capitaliser au mieux sur leur environnement informatique.
    • Au final, en style de jeu, les meilleurs d’aujourd’hui sont à mi-chemin entre le style humain de Kasparov et le style machine façon Deep Blue.


Conclusion :
  • Kasparov conclut que l’IA nous aidera à mieux comprendre notre nature humaine en nous épargnant un certain nombre de contingences et d’hypermétropies. Il balaie comme simplement utopique l’hypothèse de retarder l’IA afin de mieux la cerner ou de mieux cerner la nature humaine, il n’y aura pas de ralentissement, ni de retour arrière.
  • Conclusion de la conclusion : la spécificité de l’humain est, selon l'auteur, l’intention. Le rêve, mais surtout l’intention d’y parvenir. C’est là-dessus qu’il nous faut nous concentrer, et l’IA nous y aidera.

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