Wednesday, March 6, 2013

De R&A et du racisme

On a trop peu souvent l'occasion de lire des opinions contraires, de se voir opposer de franches contradictions de ses idées.

Lors de mon dernier voyage en train, j'ai fait le plein de magazines à parcourir. Je suis tombé sur un magazine que je ne connaissais pas : Réfléchir & Agir. La couverture était alléchante : « Revue autonome de désintoxication idéologique ».
Alors je l'ai lu, en détail. Pas beaucoup d'articles de qualité. On y trouve surtout des insultes envers les socialistes et les homosexuels. Et une négation de tout droit aux immigrés. C'est surtout décevant quoique écrit dans un français impeccable. Le plus triste étant les tentatives de récupération du passé. Exemple : Orson Welles, analysé par cette revue, devient vite un sympathisant.

Le tout pourrait être étayé par des analyses un peu poussées, ou faire appel à des raisonnements économiques. Point : la thèse principale, en tâche (ou en tache) de fond, est la défense de la « race blanche ». Encore, en 2013. Le mépris des métissages et l'affirmation de la supériorité. Sans argumentaire.

Combien y a-t-il de gens pour croire encore à ces nigauderies ? Le raciste est limite paranoïaque, il s'imagine seul lâché dans un monde en guerre. Alors suivons-le dans son délire : imaginez-vous vous-même lâché seul au beau milieu d'un champ de bataille. Qui sont les belligérants, quelles sont les motivations de la bataille, les armes, les chefs... vous n'en savez rien. Comme chaque homme qui vient au monde, celui qui est lâché seul au beau milieu d'un champ de bataille doit se figurer par lui-même comment vivre, survivre ou mourir, quels sont les enjeux, comment donner un sens à sa vie.
Imaginez-vous bien un vrai champ de vraie bataille : massacres, cris, armes brandies, sang répandu, armures défoncées, gadoue qui se colle partout, prise de prisonniers ou exécutions sommaires, trompettes...

Plusieurs réactions sont possibles.
L'homme seul peut chercher comment s'enfuir.
L'homme seul peut tenter de passer inaperçu.
L'homme seul peut chercher à comprendre quels sont les camps en présence : la couleur des uniformes ? les oriflammes ? les cris de guerre et les trompettes ? les mouvements de troupes ?
Une fois les camps identifiés, l'homme seul peut chercher quel camp rejoindre : Qui sont les plus forts ? Qui semble dominer le champ de bataille ? Qui font les meilleurs discours ? Qui sont les plus près de moi pour les rejoindre ? Lesquels m'accepteront ? Qui sont les plus miséricordieux avec les blessés et les hommes désarmés ? Y en a-t-il qui sont respectueux envers l'environnement, au sein-même de leurs pratiques meurtrières ?
L'homme seul peut aussi attendre la mort.
L'homme seul peut aussi se planter au beau milieu et improviser un discours pacifiste...

Le raciste, lui, est celui qui se dit : « Il y a des hommes au visage propre et des hommes au visage couvert de gadoue, voilà les camps. Mon visage est encore propre, je vais rejoindre le camp de visages propres. » Le raciste se trompe orthogonalement dans l'identification des camps en présence, il choisit la première différence qu'il voit comme critère déterminant. Il rejoint un « camp » qu'il croit uni, il s'y fera massacrer par son « camp » ou par un autre.
Le raciste est l'idiot de l'humanité. Comme un mouton, il suit qui lui ressemble visuellement. Il est le premier à mourir sur un champ de bataille auquel il ne comprend rien, exploité par des gens qui le méprisent. Le raciste est le débile de l'humanité, j'ai pitié de lui.

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